UNE BRÈVE HISTOIRE DU BOXEUR JUIF

 

Max Vandenburg vit le jour en 1916.

Il passa son enfance à Stuttgart.

Ce qu'il aimait le plus, alors, c'était se battre avec les poings.

 

Il disputa son premier combat à onze ans. À l'époque, il était épais comme une allumette.

Wenzel Gruber.

Tel était le nom de son adversaire.

Il avait la langue bien pendue, ce Wenzel, et des cheveux frisés. Le terrain de jeu local leur tendait les bras.

Ni l'un ni l'autre ne résista.

Ils luttèrent comme des champions.

Pendant une minute.

Juste au moment où l'affaire devenait intéressante, ils furent saisis chacun par le col. Un parent attentif.

Un peu de sang coulait de la bouche de Max.

Il le lécha, et ça avait bon goût.

* * *

Dans son milieu, peu de gens se battaient, en tout cas pas avec leurs poings. À l'époque, on disait que les Juifs préféraient subir. Subir la violence sans broncher avant de remonter la pente jusqu'en haut. Visiblement, ce n'était pas le cas pour tous.

 

Max allait avoir deux ans lorsque son père mourut, réduit en charpie sur une colline verdoyante.

Quand il eut neuf ans, sa mère se retrouva sans le sou. Elle vendit le studio de musique qui leur servait aussi d'appartement et ils allèrent s'installer dans la maison de l'oncle de Max. Là, il grandit en compagnie de six cousins affectueux qui le tapaient et l'embêtaient pas mal. Il se bagarrait avec l'aîné, Isaac. C'est ainsi qu'il fit ses classes de boxeur. Chaque soir ou presque, il prenait une raclée.

 

À treize ans, la tragédie frappa de nouveau. Son oncle mourut.

Conformément aux statistiques, cet homme-là n'avait rien du caractère impétueux de Max. C'était le genre de personne qui se donnait beaucoup de mal sans trop exiger en retour. Il restait dans son coin et sacrifiait tout à sa famille. Il mourut de quelque chose qui se développait dans son estomac. Une sorte de grosse boule empoisonnée.

Ses proches, comme souvent dans ce genre de circonstances, se réunirent autour du lit et le regardèrent capituler.

Max Vandenburg était maintenant un adolescent aux mains dures, avec les yeux au beurre noir et une dent branlante. À sa tristesse et à son chagrin vint s'ajouter une certaine déception. Voire une certaine contrariété.

Pendant que sous ses yeux, son oncle sombrait lentement dans le lit, il se jura de ne pas mourir de cette façon.

Le visage du mourant était l'image même de l'acceptation.

Il était jaune et paisible, malgré la structure violente du crâne, cette mâchoire qui semblait s'étirer sur des kilomètres, ces pommettes ressorties et ces orbites en nid de poule. Si calme qu'il donnait envie à l'adolescent de poser une question.

 

Où est la lutte ? se demandait-il.

Où est la volonté de tenir?

Bien sûr, à treize ans, il était quelque peu excessif dans son exigence. Il n'avait jamais regardé en face quelque chose comme moi. Du moins pas encore.

Il resta près du lit avec les autres et regarda cet homme mourir — passer sans heurt de la vie à la mort. Derrière la fenêtre, la lumière était grise et orangée, et son oncle parut soulagé lorsqu'il cessa complètement de respirer.

«Quand la Mort viendra me prendre, se jura Max, je lui enverrai mon poing dans la figure. » Personnellement, j'apprécie. Cette stupide bravoure. Oui.

J'apprécie beaucoup.

 

Dès lors, il se battit de plus en plus régulièrement. Quelques amis et ennemis irréductibles se retrouvaient au crépuscule sur un petit terre-plein de la rue Steber : des Allemands pure souche, des garçons originaires de l'Est et lui, le Juif. Cela n'avait pas d'importance. Pour libérer les énergies adolescentes, rien de mieux qu'une bonne bagarre. En fait, pour un peu, les ennemis auraient pu être des amis.

 

Max aimait ça, les cercles autour des adversaires et la plongée dans l'inconnu.

Le goût doux-amer de l'incertitude.

Perdre ou gagner.

C'était une sensation qu'il éprouvait au creux de l'estomac. Quand cela devenait intolérable, le seul remède consistait à foncer, les poings en avant. Max n'était pas le genre de garçon qui se tuait à réfléchir.

* * *

Le combat qu'il préférait, avec le recul, était son cinquième contre un dénommé Walter Kugler, un grand et solide gaillard. Ils avaient alors quinze ans. Walter avait gagné les quatre premières rencontres, mais cette fois, Max sentait que ce serait différent. Un sang neuf — le sang de la victoire — coulait dans ses veines et cela l'excitait et l'effrayait à la fois.

Comme toujours, les autres formaient un cercle autour d'eux. Le sol était sale. Sur les visages, les sourires allaient d'une oreille à l'autre. Des mains crasseuses brandissaient de l'argent dans une cacophonie de cris et d'appels si vibrants d'enthousiasme que plus rien d'autre ne comptait.

Il y avait là un mélange détonant de joie et de peur, une agitation flamboyante.

Les deux adversaires, pris par l'intensité du moment, avaient le visage crispé, les yeux agrandis par la concentration.

Après une minute d'observation, ils commencèrent à se rapprocher et à prendre un peu plus de risques.

C'était un combat de rue, pas un match d'une heure. Ils n'avaient pas toute la journée devant eux.

«Vas-y, Max, vas-y, Maxi Taxi, tu le tiens ! » cria l'un de ses amis. Puis il ajouta, sans reprendre son souffle : «Tu le tiens, petit Juif, tu le tiens ! »

Avec son nez cabossé, ses cheveux fins et ses yeux humides, Max avait une bonne tête de moins que son adversaire. Son style était dépourvu de finesse. Courbé en avant, il sautillait en envoyant de petits coups rapides au visage de Kugler. Celui-ci, visiblement plus fort et plus doué, restait droit et ses directs atteignaient systématiquement Max aux pommettes et au menton.

Max continuait à attaquer.

Malgré la correction reçue, il avançait sur Kugler. Du sang séchait sur ses dents.

Lorsqu'il fut envoyé à terre, un rugissement s'éleva. L'argent faillit changer de mains.

Il se releva.

Il se retrouva une fois encore au tapis avant de changer de tactique et d'obliger Walter Kugler à venir au plus près avant de lui décocher un coup sec. En plein sur le nez.

Soudain aveuglé, Kugler recula. Max saisit l'occasion. Il le déborda par la droite et le frappa au niveau des côtes. Kugler baissa sa garde et la droite de Max le toucha au menton. Il alla à terre, ses cheveux blonds dans la poussière, les jambes écartées. Il ne pleurait pas et pourtant des larmes de cristal glissaient sur ses joues. Elles lui avaient été arrachées par les poings de Max.

 

Le cercle de spectateurs compta.

Ils comptaient toujours, au cas où. Voix et chiffres. Après un combat, la coutume voulait que le vaincu lève la main du vainqueur. Lorsque Kugler finit par se remettre debout, il alla lever le bras de Max Vandenburg, l'air lugubre.

«Merci, lui dit Max.

— La prochaine fois, je te massacre», répondit Kugler.

 

Au cours des années qui suivirent, Max Vandenburg et Walter Kugler combattirent à treize reprises. Walter cherchait toujours à prendre, sa revanche sur cette première victoire de Max et Max voulait retrouver ce moment de gloire. Le bilan fut en faveur de Walter : dix victoires contre trois pour Max.

En 1933, quand ils eurent dix-sept ans, la rancœur mêlée de respect céda la place à une amitié sincère et l'envie de se battre les quitta. Tous deux se mirent à travailler, jusqu'à ce qu'en 1935, comme les autres employés juifs, Max soit mis à la porte des ateliers de construction mécanique Jedermann. Peu de temps après, les lois de Nuremberg furent instaurées. Elles ôtaient aux Juifs la citoyenneté allemande et interdisaient les mariages entre Juifs et Allemands.

« Seigneur, dit un soir Walter lorsqu'ils se retrouvèrent à l'endroit où ils avaient eu l'habitude de se battre. C'était une autre époque, n'est-ce pas ? On ne connaissait pas ça. » Il donna une petite tape sur l'étoile jaune que Max portait sur sa manche. «On ne pourrait plus se battre de la même manière.

— Si. On ne peut pas épouser un Juif, mais rien n'empêche de se battre avec lui. »

Walter sourit. «Il y a même sans doute une loi qui récompense ce genre de choses, du moment qu'on en sort gagnant. »

Les années passant, ils se virent de façon très occasionnelle. Max, comme les autres Juifs, était systématiquement rejeté et sans cesse écrasé, tandis que Walter était pris par son travail. Une imprimerie.

Si ça vous intéresse, eh bien oui, il connut des filles pendant cette période. L'une nommée Tania, l'autre Hildi. Dans un cas comme dans l'autre, cela ne dura pas. Il n'avait pas assez de temps pour cela, vraisemblablement à cause de l'incertitude et de la pression de plus en plus forte. Max devait se démener pour trouver du travail. Que pouvait-il proposer à ces jeunes filles ? En 1938, il était difficile d'imaginer que la vie puisse être pire.

Puis ce fut le 9 novembre. Kristallnacht. La Nuit de cristal. La nuit du verre brisé.

Cet épisode, tragique pour tant de Juifs, permit à Max Vandenburg de s'enfuir.

Il avait vingt-deux ans.

 

Nombre d'établissements juifs étaient systématiquement saccagés et pillés lorsque des poings cognèrent sur la porte de l'appartement. Max, sa tante, sa mère, ses cousins et leurs enfants se tenaient dans le salon, serrés les uns contre les autres.

«Aufmachen ! »

Tous se regardèrent. Ils avaient envie de s'éparpiller dans les autres pièces, mais la crainte les paralysait.

De nouveau : «Ouvrez ! »

Isaac se dirigea vers la porte, dont le bois vibrait encore à la suite des coups reçus. Il se retourna vers les visages sur lesquels se lisait la peur, tourna le loquet et ouvrit.

Comme ils s'y attendaient, c'était un nazi. En uniforme.

« Jamais. »

Telle fut la première réaction de Max.

Il serrait la main de sa mère et celle de Sarah, sa cousine la plus proche. «Je ne pars pas. Si l'on ne peut s'en aller tous ensemble, je reste. »

Il mentait.

Lorsque les autres membres de la famille le poussèrent dehors, le soulagement l'envahit, comme une obscénité. Il le refusait, mais en même temps il l'éprouvait avec une telle force qu’il en avait la nausée. Comment pouvait-il ? Comment pouvait-il ?

Il pouvait.

«N'emporte rien, lui dit Walter Kugler. Prends juste ce que tu as sur toi. Je te fournirai le reste.

— Max. » C'était sa mère.

Elle tira d'un tiroir un vieux bout de papier et le fourra dans la poche de sa veste. « Si jamais... » Elle l'étreignit une dernière fois. « Ce sera peut-être ton dernier espoir. »

Il contempla son visage vieillissant et l'embrassa sur la bouche.

«Viens. » Walter le tira par la manche, tandis que le reste de la famille lui disait au revoir et lui donnait de l'argent et quelques objets de valeur. «Viens. Dehors, c'est le chaos et le chaos va nous aider. »

 

Ils partirent sans se retourner.

Et cela le torturait.

Si seulement il avait jeté un ultime regard aux siens lorsqu'il avait quitté l'appartement. Peut-être sa culpabilité n'aurait-elle pas été aussi lourde à porter. Pas de dernier adieu.

Pas de derniers regards échangés.

Rien que le vide de l'absence.

Il passa les deux années suivantes caché dans une réserve vide, à l'intérieur d'un bâtiment où Walter avait travaillé auparavant. La nourriture était rare. La suspicion régnait. Dans le voisinage, le reste des Juifs qui avaient de l'argent émigraient. Ceux qui n'en avaient pas essayaient aussi, sans grand succès. La famille de Max appartenait à cette dernière catégorie. De temps à autre, Walter allait vérifier qu'ils étaient toujours là, le plus discrètement possible. Jusqu'à cette après-midi où, lorsqu'il se présenta, quelqu'un d'autre ouvrit la porte.

Quand Max apprit la nouvelle, il eut l'impression qu'une main géante roulait son corps en boule, comme une feuille de papier pleine de fautes. Bonne pour la corbeille.

Et pourtant, chaque jour, entre dégoût et-reconnaissance, il parvint à se relever. Abîmé, mais pas totalement détruit.

 

Vers le milieu de l'année 1939, il se cachait depuis un peu plus de six mois lorsqu'ils décidèrent d'agir différemment. Ils examinèrent le bout de papier que sa mère avait remis à Max au moment de sa désertion. Oui, sa désertion, et non pas seulement sa fuite. Car c'est ainsi qu'il qualifiait son départ. Nous savons déjà ce qui était inscrit sur ce papier :

 

UN NOM, UNE ADRESSE
Hans Hubermann

33, rue Himmel, Molching

 

« C'est de pire en pire, dit Walter à Max. À tout moment, on peut être repérés. » Dans l'obscurité, ils sentaient la menace peser sur leurs épaules. «Qui sait ce qui peut se passer? Je peux me faire prendre. Tu peux avoir besoin de trouver cet endroit... J'ai trop peur pour demander de l'aide à quelqu'un, ici. Trop de risques. » Il n'y avait qu'une solution. «Je vais essayer de retrouver cet homme. S'il est devenu nazi, ce qui est probable, je repars comme je suis venu. Mais au moins on saura ce qu'il en est, richtig?»

 

Max lui donna jusqu'à son dernier pfennig pour financer le voyage. «Alors ? » demanda-t-il lorsque Walter revint, quelques jours plus tard.

Ils s'étreignirent et Walter hocha affirmativement la tête. «C'est bon. Il joue encore de l'accordéon, celui dont ta mère t'a parlé, qui appartenait à ton père. Il n'est pas membre du parti. Il m'a donné de l'argent. » À ce stade, Hans Hubermann n'était encore qu'un nom. «Il est pauvre, marié, et il y a une enfant au foyer. »

Cela éveilla un peu plus l'attention de Max. «Quel âge ?

   Dix ans. On ne peut pas tout avoir.

   Oui. Les enfants parlent beaucoup.

-- On a déjà de la chance, tu sais. »

Ils restèrent quelque temps sans rien dire, puis Max rompit le silence.

«Je suppose qu'il me hait déjà?

   Je n'en ai pas l'impression. Il m'a donné l'argent, n'est-ce pas ? Il m'a dit qu'une promesse était une promesse. »

Une semaine plus tard, une lettre arriva. Hans prévenait Walter Kugler qu'il enverrait les éléments nécessaires quand il le pourrait. Il y avait un plan de Moiching et du grand Munich sur une page, ainsi que l'indication du trajet direct entre Pasing (la gare la plus sûre) et sa maison. Les derniers mots de sa lettre allaient de soi : Faites attention.

À la mi-mai 1940, Mein Kampf arriva, avec une clé scotchée sous la couverture.

Cet homme est génial, se dit Max, mais il frissonnait à l'idée de devoir aller jusqu' à Munich. Il espérait comme les autres personnes concernées — qu'il n'aurait pas à faire le voyage.

Les souhaits ne se réalisent pas toujours.

Surtout dans l'Allemagne nazie.

 

Le temps passa.

La guerre s'étendit.

Max resta dissimulé dans une autre pièce vide. Jusqu'à ce que l'inévitable se produise.

Walter fut avisé qu'on l'envoyait en Pologne, pour continuer à affirmer l'autorité de l'Allemagne sur les Polonais comme sur les Juifs. Le moment était venu.

Max gagna donc Munich, puis Molching. Et maintenant, dans la cuisine d'un étranger, il demandait l'aide dont il avait un besoin vital, tout en s'adressant le blâme qu'il estimait mériter.

Hans Hubermann lui serra la main et se présenta. Il fit du café sans allumer la lumière.

La fillette était partie depuis un bon moment, mais un autre bruit de pas s'annonçait. Le joker.

Dans l'obscurité, les trois personnes étaient complètement isolées, les yeux écarquillés. La femme fut la seule à parler.

 

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